La revente de l’électricité solaire est aujourd’hui un levier d’amortissement réel pour les particuliers équipés de panneaux photovoltaïques. Pourtant, entre les chiffres annoncés, les conditions contractuelles, et la réalité du terrain, il existe un écart. Avant de signer un contrat d’achat ou de revente, vous devez comprendre qui achète, combien, et selon quelles modalités.
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ToggleLa revente d’électricité en France
Produire de l’énergie chez soi est une chose. Savoir la valoriser, en est une autre.
Revente totale ou vente de surplus : deux logiques différentes
La vente totale signifie que toute l’électricité produite est injectée sur le réseau, sans que vous en consommiez une seule partie. À l’inverse, la vente de surplus vous permet d’utiliser d’abord ce que vous produisez. L’excédent non consommé est ensuite revendu, généralement à un tarif défini à l’avance.
Qui peut revendre son électricité ?
La revente est possible pour tous les particuliers disposant d’une installation solaire inférieure à 100 kWc, connectée au réseau. Il faut cependant que cette installation soit réalisée par un professionnel qualifié RGE, et qu’elle respecte les normes en vigueur.
Quelles démarches sont à prévoir ?
Avant toute revente, vous devez signer un contrat d’obligation d’achat, souvent avec EDF OA. Un raccordement Enedis, un compteur Linky et une demande de contrat d’achat sont nécessaires. Comptez plusieurs semaines entre la demande et l’activation.
Tarifs de rachat pratiqués par EDF OA
EDF est, aujourd’hui encore, l’acheteur principal dans le cadre de l’obligation d’achat. Mais à quel prix rachète-t-elle votre production ?
Tarifs officiels pour les installations photovoltaïques
Depuis début 2025, pour les installations ≤ 3 kWc, le tarif de rachat du surplus est d’environ 0,13 € / kWh. Pour les installations ≤ 9 kWc, il descend légèrement autour de 0,10 € / kWh. Ces montants sont fixés par arrêté ministériel et révisés chaque trimestre. Plus la puissance est élevée, plus le tarif diminue.
Comment ces montants évoluent-ils ?
Les tarifs varient selon la date de demande complète de raccordement. Chaque trimestre, l’État ajuste les prix pour suivre le marché et encourager une certaine régulation. Plus la demande augmente, plus les tarifs peuvent baisser. À l’inverse, une baisse du nombre d’installations peut provoquer une remontée.
Un exemple chiffré sur 20 ans
Pour une installation de 3 kWc, vous pouvez produire environ 3 300 kWh/an. En revendant 1 500 kWh à 0,13 €, cela représente 195 € par an, soit près de 3 900 € sur 20 ans. Ce chiffre peut monter si vous optimisez bien votre consommation.
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Que proposent les fournisseurs alternatifs ?
Certains fournisseurs d’énergie proposent des offres de rachat en dehors du cadre EDF OA. Que valent-elles réellement ?
Les offres de TotalEnergies, ekWateur, Enercoop…
TotalEnergies propose parfois des primes de bienvenue, mais les tarifs restent proches de ceux d’EDF OA. ekWateur valorise le local et la transparence, avec un tarif aux alentours de 0,08 à 0,10 € / kWh. Enercoop, acteur militant, propose une valorisation éthique, mais les tarifs sont peu compétitifs.
Faut-il se détourner d’EDF OA ?
Pas forcément. La stabilité d’EDF OA reste un atout, surtout avec des contrats de 20 ans garantis. Les fournisseurs alternatifs sont intéressants si vous souhaitez valoriser une production locale, ou intégrer une coopérative citoyenne, mais rarement pour maximiser vos revenus.
Et les offres locales ?
Certaines collectivités ou régies municipales développent des projets d’achat groupé ou de circuit court. Ces initiatives sont encore rares, mais elles méritent d’être surveillées, car elles pourraient mieux rémunérer les petits producteurs.
Quels sont les coûts à prévoir ?
Revenir sur les tarifs implique aussi de prendre en compte les frais associés à la vente.
Le TURPE : une taxe souvent oubliée
Le TURPE autoconsommateur (Tarif d’Utilisation du Réseau Public d’Électricité) est prélevé par Enedis. Son montant reste faible pour les petites installations (quelques dizaines d’euros par an), mais il réduit légèrement les gains.
L’entretien et les obligations techniques
Le passage au compteur Linky est indispensable pour la revente. De plus, vous devrez entretenir régulièrement votre installation pour éviter les baisses de production. Aucun contrôle annuel n’est imposé, mais il est conseillé de vérifier les performances tous les 2 à 3 ans.
Et la fiscalité ?
Si votre installation est ≤ 3 kWc et que vous autoconsommez partiellement, vous êtes exonéré d’impôt sur les revenus de la vente. Au-delà de 3 kWc ou en cas de revente totale, les revenus doivent être déclarés, et peuvent être imposables.
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Revente ou autoconsommation : que choisir ?
La vraie question n’est pas seulement combien on gagne, mais surtout comment optimiser sa production.
Simulation simple : deux scénarios opposés
Un foyer produisant 4 000 kWh/an :
- En revente totale à 0,10 €/kWh : 400 €/an
- En autoconsommation partielle (30 %) + vente du surplus (70 %) :
- 1 200 kWh autoconsommés → économie sur facture : 240 €
- 2 800 kWh revendus → revenus : 280 €
- Total = 520 € / an
Quel profil pour chaque stratégie ?
- Si vous êtes souvent absent ou peu équipé en appareils électriques, la vente totale peut rester pertinente.
- Si vous êtes à la maison en journée ou que vous chauffez à l’électrique, l’autoconsommation partielle est plus rentable.
3 conseils pour booster vos gains
- Orientez vos panneaux plein sud, sans ombre.
- Utilisez un gestionnaire d’énergie pour caler vos usages.
- Surveillez vos relevés mensuels pour détecter les baisses de rendement.
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Racheter votre électricité, c’est possible, mais encore faut-il comprendre les vrais chiffres derrière les promesses. Entre les tarifs d’EDF OA, les offres des fournisseurs alternatifs et les coûts indirects, votre rentabilité dépend surtout de vos choix stratégiques. Autoconsommer intelligemment, vendre au bon moment, ou diversifier vos usages : chaque option a ses avantages. Avant de signer, prenez le temps de comparer, d’estimer vos besoins, et surtout de calculer le coût réel au kWh. Ce sont ces détails qui feront la différence sur la durée.